La Belgique pourrait-elle suivre l’exemple australien et arriver à éradiquer le papillomavirus?

  • 70% des jeunes se feraient vacciner contre le papillomavirus (HPV) s’ils en connaissaient les conséquences.
  • Aujourd’hui, 1.094 cancers et près de 18.000 condylomes sont liés au HPV par an en Belgique.
  • Selon le Professeur Squifflet, il faudrait atteindre au moins une couverture de 75% de la population belge pour obtenir une immunité collective. Si tous nos jeunes étaient vaccinés contre le HPV, on pourrait penser à l’élimination du virus comme en Australie.

Dès demain, la Professeure australienne Suzanne Garland, experte en papillomavirus, fait le déplacement en Belgique pour décrire les efforts déployés par son pays en matière de HPV. L’Australie pourrait devenir le premier pays à éradiquer ce virus très contagieux qui touche 80% des femmes et hommes sexuellement actifs une ou plusieurs fois au cours de leur vie.1 Et où en est-on chez nous ? Si les mesures annoncées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles évoluent dans le bon sens, la connaissance de ce virus et de ses conséquences ainsi que le taux de couverture restent un vrai défi. Mais qu’en est-il des connaissances du HPV chez les jeunes belges, à l’âge où ce virus se transmet ? Les résultats de la récente étude IVOX réalisée à la demande de MSD Belgique sont révélateurs : seuls 28% des jeunes ont déjà entendu parler du HPV et savent de quoi il s’agit.2 Près de 50% d’entre eux n’en ont jamais entendu parler! La connaissance du HPV, la manière de le contracter et les risques encourus sont approximatifs et révèlent un manque d’information important sur le HPV et sa vaccination.

80% des jeunes interrogés pensent ne pas avoir reçu assez d’information sur le HPV

Selon les résultats de l’étude, seuls 28% des jeunes interrogés indiquent avoir déjà entendu parler du papillomavirus et savent de quoi il s’agit; 25% en ont déjà entendu parler mais avouent ne pas bien savoir ce que c’est. Et près de la moitié n’en ont même jamais entendu parler, surtout parmi les garçons (67%). Ils sont 80% à penser qu’ils n’ont pas reçu assez d’informations. « Et ça va être le défi de ces prochaines années. Mieux informer les jeunes pour augmenter le taux de couverture qui est relativement bas en Fédération Wallonie-Bruxelles (36%). Notre gouvernement vient de prendre des mesures fortes pour lutter contre le HPV en passant à la dernière génération de vaccin et en élargissant la vaccination gratuite aux garçons ! Le papillomavirus, ce n’est pas qu’une histoire de filles. Ce virus contagieux peut avoir des conséquences graves tant chez les femmes que chez les hommes, comme des cancers génitaux et ORL. » explique le Professeur J-L Squifflet, gynécologue aux Cliniques Universitaires Saint-Luc de Bruxelles.

1.094 cas de cancers3 liés au HPV et près de 18.000 cas de condylomes4 par an

Le flou semble également régner au niveau des conséquences du HPV : 48% des jeunes disent savoir que le HPV peut causer le cancer du col de l’utérus mais peu parlent des autres conséquences, seuls 7% évoquent les cancers du pénis et 6% les cancers oro-pharyngés. Seuls 11% savent que le HPV peut provoquer des verrues génitales. Le HPV touche pourtant près de 80% des femmes et des hommes sexuellement actifs une ou plusieurs fois au cours de leur vie.1 Dans la plupart des cas le HPV est éliminé naturellement par le corps mais s’il se développe il peut provoquer des verrues génitales, des lésions précancéreuses et/ou des cancers. Le HPV est responsable de la quasi-totalité des cancers du col de l’utérus, l’un des cancers les plus fréquents chez les femmes, et cause en Belgique 1.094 cancers par an de type oropharynx, cervical, vaginal, anal et du pénis.3 On dénombre également environ 18.000 cas de condylomes (verrues génitales) par an en Belgique.4 Contrairement au cancer du col de l’utérus, il n’existe actuellement pas de dépistage systématique pour les autres cancers induits par les HPV.

Mieux informer pour mieux protéger

Le dépistage du HPV étant compliqué, voire inexistant pour les garçons, et le préservatif ne protégeant que partiellement contre ce virus, le seul moyen pour l’éradiquer est la vaccination. Le vaccin le plus couvrant offre une protection contre 90% des cancers liés au HPV, 90% des cas de verrues génitales et une large protection contre les lésions précancéreuses de haut grade.5 76% des jeunes interrogés ne sont pas vaccinés ou ne savent pas s’ils sont vaccinés contre le HPV. Pourtant, ce serait le souhait de 70% d’entre eux après avoir pris connaissance des conséquences liées du HPV. Les deux principales raisons pour lesquelles ils ne sont pas ‘encore’ vaccinés sont le fait qu’ils n’en ont jamais entendu parler (44%) et le manque d’informations (24%).

L’Australie en passe d’éradiquer le virus ?

Pour le Professeur Suzanne Garland : « En Australie, le cancer du col de l’utérus pourrait être éliminé dans les 20-30 prochaines années. Le nombre de nouveaux cas enregistrés, chaque année dans le pays, pourrait passer de 930 à quelques-uns. Nous prévoyons, en effet, un déclin radical du HPV grâce aux efforts déployés en matière de prévention, notamment via un taux élevé de vaccination HPV. En Australie, la couverture vaccinale et le taux de dépistage sont élevés et ce grâce à une politique volontariste en la matière. Le vaccin anti-HPV est distribué gratuitement dans les écoles pour les jeunes âgés de 12 à 13 ans, depuis 2007 pour les filles et depuis 2013 pour les garçons. Ces efforts portent leurs fruits : ces 10 dernières années, chez les jeunes femmes australiennes âgées de 18 à 24 ans, l’incidence des contaminations par HPV est passée de 22,7% à 1,1% ! »

Et en Belgique ?

Pour le Professeur J-L Squifflet : « Il y a un moyen simple de se prémunir : le vaccin contre le HPV. La Belgique est encore à la traîne en terme de couverture vaccinale, le taux de vaccination de la population en Fédération Wallonie-Bruxelles est actuellement insuffisant. Mais les choses semblent bouger. Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est engagé à utiliser le vaccin le plus couvrant et à ouvrir la vaccination aux garçons. Il est essentiel d’offrir cette possibilité à tous les jeunes, quel que soit leur sexe. Il faudra également mettre tous nos efforts dans la sensibilisation envers ces jeunes et leurs parents, notamment au travers de campagnes de sensibilisation dans les écoles et chez les médecins afin de les informer sur le papillomavirus et ses conséquences mais aussi de les éduquer pour qu’ils soient mieux armés face aux campagnes anti-vaccins. L’objectif est d’atteindre une couverture de 75% de la population belge pour obtenir une immunité collective pour les souches dans le vaccin. Si tous nos jeunes étaient vaccinés contre le HPV, on pourrait envisager une diminution aussi drastique que celle observée en Australie. »

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(1) HPV - Humaan Papillomavirus (http://www.rivm.nl/Onderwerpen/H/HPV_Humaan_Papillomavirus, geraadpleegd op 07 september 2017)
(2) Enquête réalisée avec le bureau d’étude iVOX en août 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 400 jeunes belges âgés entre 14 et 18 ans.
(3) Hartwig S. et al. Infect Agent Cancer 2017;12-19
(4) Hartwig et al., Estimation of the epidemiological burden of HPV-related anogenital cancers, precancerous lesions, and genital warts in women and men in Europe: Potential additional benefit of a nine-valent second generation HPV vaccine compared to first generation HPV vaccines, Elsevier Papillomavirus Research (2015;1: 90-100)
(5) Hartwig S. et al. Infect Agent Cancer 2017;12-19

 

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Aurelie Coeckelbergh PRIDE